Mongolie, juillet 2019, Bernard

Extraits du journal de Bernard

JOUR 1
On peut considérer que c’est le premier jour !
j’ai pu m’échapper du groupe ce matin pour marcher seul, m’acheter des clopes, seul, tirer du fric, seul, et regarder la vie, là. Un quartier vraiment populaire avec des échoppes plus ou moins improbables où se vendaient et se bricolaient bois, ferraille et quincaillerie et matériaux en tout genre !… Les hommes au travail avec toute leur impudeur et leur façon d’être là, vivants et suants et non méfiants. Dans la zone, comme en Afrique !
En plus, la chaleur et le fourmillement aidaient à penser ça. C’était bon, j’ai commencé à me sentir à ma place. Y a un bon feeling avec les Mongols. Personne n’essaie de te vendre quoi que ce soit ! pas d’arnaque en vue, donc de l’apaisement, rassuré !
Repas franchement délicieux et partagé autour d’une immense table ronde puis démonstration plutôt sympa de chant diphonique, deux jeunes, tranquilles, dans leur école de chant, un appartement au troisième étage d’un immeuble. Les gens du groupe sont sympas, on a essayé un peu, le chant mongol, sans succès bien sûr.
Et puis nous sommes partis, enfin ! et dans trois minibus plus qu’improbables, des espèces de véhicules brutaux russes, hauts sur roue et très, très sobres (l’intérieur fait penser aux vieilles 2 CV) mais confortables et… sûrs !
Quitter la ville, les faubourgs, espèces de favelas avec cabanes colorées et yourtes mélangées.
Et puis une longue route droite, toute droite, qui s’enfonce dans le no man’s land, steppes à l’infini, semi-montagneuses, avec de temps en temps des camps de yourtes.
Et puis nous avons pris la piste, ils roulaient à fond, traversant la steppe comme un cheval fou et joyeux de pénétrer dans cet univers où le regard glisse sur les vallons ratiboisés mais pas arides, rien à voir avec l’Afrique ! sensation d’un endroit où l’homme n’a pas encore pénétré !…
Sensation délicieuse de voyager, de pénétrer avec la sensation d’être accueilli ! j’étais comme le véhicule, comme le cheval fou, et gai, et heureux ! je suis content d’être là, je commence à trouver ma place, à trouver la bonne distance avec les autres, ni trop, ni pas assez !
On a lu un conte, c’était bien, avec les autres…
Je dors dans la yourte, avec Nathalie, c’est cool. J’espère que je vais bien dormir. Je vais penser à ces chevaux, sauvages, mais… pourquoi on est là ? à prendre des photos ?
A demain.

JOUR 3
Ça y est, le temps a changé, c’est du sérieux, vent balaise avec pluie fine, grêle et la température en chute (libre…) et les nuages sur nous… plus d’horizon, bref, une autre réalité ! On décolle, on se serre, on se réchauffe…
Evidemment, là, c’est plus pareil, il pleut, il fait froid, y a du vent… Et la brume nous enlève l’horizon. Dans le camion à se tenir dans les cahots et les sursauts, y a des fuites au plafond, on essuie continuellement la buée pour y voir dehors…
Au détour d’un amas de rochers se découvre une espèce de cirque rocailleux qui émerge de la steppe. Temple bouddhiste, avec ses drapeaux, ses couleurs or, orange et rouge. On s’arrête et on visite, temple principal en ruine et d’autres tout petits retapés. C’est sympa, mais il pleut, fort. Boutique « Art shop » évidemment, au milieu de nulle part ! Tu te demandes comment les deux ou trois personnes là viennent bosser le matin ? En fait, y a une yourte, évidemment ils dorment là ! Boutique plutôt sympa, je trouve de l’encens, du vrai. J’en prends !
Route encore, au milieu de nulle part et on arrive vers 12 h chez notre nouvelle famille. Six yourtes dans la plaine en bordure de rocs, quatre cents têtes de bétail, vaches, chèvres, chevaux et moutons. Quatre à six personnes, et quatre à six gosses. L’accueil, comme d’hab, est franchement chaleureux mais sans aucune exagération ! J’aime beaucoup.
On mange, la pluie cesse et devient intermittente, comme moi ! (…). On fait un atelier théâtre. J’en n’ai pas encore parlé, mais j’essaie, dans le fun, de les rendre plus sensibles et moins dans leurs certitudes… et ça marche… c’est sympa…
L’atelier, on le fait dans notre yourte (cinq mètres de diamètre, cinq lits à une place) because le mauvais temps ! Puis on finit dehors (accalmie) pour leur faire porter la voix !!! Ensuite, pause, et je me suis extirpé au lointain, assis dans la steppe, face au sud, relaxation bienvenue, je respire, mon regard porte loin, si loin, et le ciel, le ciel est extraordinaire, si grand, si loin. Je ferme les yeux… je les rouvre : je suis entouré de « chiens de prairie », sorte d’octodons, debout sur leurs pattes, intrigués, qui me regardent… Je ne bouge pas, eux, rassurés, commencent à s’affairer, ils sont dix, quinze, vingt, aussi loin que porte mon regard, y en a partout !! Je bouge pas, c’est génial de les voir vivre. Le sol est truffé de trous, il doit y avoir des kilomètres de galeries dessous !… Je bouge un bras ! Pfuit ! Plus personne, tout le monde se précipite avec leurs petites pattes et disparaît dans les trous ! Je reviens tranquille au camp, repas cool, tous ensemble, soupe aux légumes et mouton, et du yaourt, évidemment. Chanson et dodo ! En fait, on est chez le père du médecin – l’oncle, et son fils sont là.

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JOUR 4
Et personne, personne à l’horizon ! Juste une piste qui traverse, tout droit, et tu avances. De temps en temps, une yourte avec un troupeau et basta. Tout est très apaisant ! « Ecoute le silence » comme dirait la Chamane. Là, je suis assis à une table fortuite dans la yourte à cinq lits de la famille qui nous accueille, à la lumière solaire, avec un petit verre de vodka. Les autres (Nathalie, Caroline, Didier et Sophie) lisent, couchés avec leur frontale, le poêle dispense une grosse chaleur, il est 22h30, la nuit est tombée et je vais me coucher. Le poêle va s’éteindre alors gaffe, mon duvet n’est pas suffisant (ça y est je le sais…) donc je vais m’habiller pour pas cailler ! J’espère que je vais mieux dormir. Demain debout 7h, départ 7h30. Rendez-vous avec la chamane à 8h30 dans une yourte plus loin, plus proche du village. Ici, vision de Paradis, ruisseau, petites montagnes avec mélèzes… Un peu comme en haute montage chez nous ! Mais y a les Mongols !

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JOUR 6
Grosse fatigue ce soir, mais c’était bien ! On a retrouvé tout le monde et on est allés au village chercher la chamane et re trente minutes de piste pour aller sur le lieu de la cérémonie ! Accueil par sa famille (un vieux, un jeune homme, son assistant et un grand gosse). Et on nous a servi le thé au lait de bienvenue, et les gâteaux secs, et des morceaux de fromage en dés séchés, immangeables tellement ils étaient durs !
La chamane se prépare, cérémonie dehors (avec tambour et masque, assez impressionnant !…) où on participe, on jette du matos dans le feu (beurre jaune, herbes, etc.). La chamane virevolte et crie autour et dans tous les sens, les autres s’affairent autour, tout le monde semble trouver tout ça assez normal, tous étaient très attentifs !… Etonnamment simple en fait !
Et puis dans une des deux yourtes, genre sauna, on s’y déshabille tous et la vieille et le vieux nous submergent d’une eau chaude genre soupe avec des épices (genévrier) et du gras genre mouton ?… Assez dégueulasse mais bon, au bout du compte ça le fait, sensation assez agréable sur le corps, et faut pas essuyer et faut pas se laver avant demain ! C’était assez fun, et plutôt émouvant, de se retrouver tous awalpé sous cette yourte (que des vieux sauf quatre jeunes, et je nous trouvais plutôt assez beaux, tous !…).
On se rhabille et hop, sous l’autre yourte, tous assis avec la chamane assise au fond et chacun passe à son tour : rituel, chaleur dans les mains, etc. La chamane avec son masque parlait une autre langue, celle d’un vieux , et son assistant qui traduit, en Mongol, et OYUN qui traduit en français etc… Y a eu des moments forts, larmes et crises de battements de cœur pour certains (les deux jeunes filles…), et le temps qui s’étire, une heure, deux heures, trois heures, quatre heures, et on le sent pas passer (étonnant).
Et cette impudeur (comme en Afrique) du soin collectif !… J’y suis passé, un peu déçu, je voulais être prêt mais je n’ai pas ressenti grand-chose… dommage. Je lui ai dit que j’avais mal au genou, des problèmes de souplesse au niveau des hanches, un déséquilibre global… Elle a repéré l’opération (lui avais-je dit ? non !…) et m’a dit que c’était la cause, m’a dit de continuer, de continuer de faire (ou c’est moi qui le pense ? je ne sais plus). Elle m’a chargé la main droite en énergie pour que je puisse faire un posé main gauche dos / main droite ventre (là où y a ma cicatrice ! (le savait-elle ? je ne crois pas…) pour drainer tout ça ! Et c’est tout, j’appréhendais bien sûr des considérations plus personnelles, plus violentes, du genre « arrête de mentir, de te mentir, change de vie, tu n’aimes pas Mireille, etc… », mais bon, rien ! Ouf !…
En fait, je pense qu’il faut que j’arrête de flipper, de me plaindre et que je peux me faire confiance. Ah ! Je suis content et enthousiaste pour la suite de ma vie. J’ai bon espoir, ça va le faire !!!
Ce soir, c’est très calme, tout le monde est nase. Dodo, vite, demain petit déjeuner à 7h et départ, sept à huit heures de route et de piste vers le lac au nord de la Mongolie ! On va encore changer de lieu, et d’espace.

Je leur ai fait un atelier sur l’invisible et sentir l’autre (épopée de l’aveugle) et c’était bien. Après toutes ces routes, ça nous a fait du bien à tous ! Ils commencent à comprendre le but de mes ateliers, et c’est cool. Ils sont de plus en plus calmement réceptifs !

Seul hic, il pleut comme vache qui pisse ! et ça commence à mouiller sérieusement.

JOUR 9
Ça y est, ce matin on part voir Entekuya. Grosse surprise, on déboule au col où on s’était arrêtés en arrivant avec tous les vendeurs à la sauvette, et… Enketuya est installée ici ! ça alors !!!
Derrière, un peu au fond, sous un tipi, on entre et vraiment feeling de ouf ! Il pleut à verse dehors et bien sûr, c’est un peu humide ! mais l’âme est là. Et une ambiance étonnante ! aucune frime ! C’est comme ça, ici, en Mongolie, aucune frime, pas de hiérarchie, personne se la pète, et ils se fendent la gueule, putain, aucun problème de contact avec eux !… Communication, oui !, mais pas de problème de contact. Etonnant.
Et puis y a Brigitte, la Française, qui a écrit le bouquin. Accueil simple, chaleureux, et à tous, sous le tipi. Discussion simple, autour du poêle, Enketuya qui se fend la gueule, et qui fait des vannes. Y a aussi Anne, une autre Française (de Moissac !) qui est là, depuis le début avec Brigitte, et pareil, aucune frime, elle sait qu’elle n’est pas « à la hauteur » de Brigitte, mais elle s’en fout !
Et on décolle tous pour une cérémonie globale sur l’ovo du lac (150 km de long sur 45 km de large) et on part, on sait pas quand on va manger, on sait rien en fait !… Mais on s’en fout ! Et re une heure de piste au travers de la forêt et on débouche dans un endroit… étonnant (je sais plus comment dire…), un lieu dans la forêt de mélèzes avec des espèces de tipis ouverts, en cercle qui, du coup, font comme une cour avec un espace au milieu. Ils préparent un grand feu. Tous les tipis autour sont décorés de foulards et tissus de toutes les couleurs, délavés, et les chamanes se préparent, et le feu prend de l’ampleur. Et boum boum et d’autres, Anne et une Italienne complètement ouf (on dirait Elton John), qui jouent de la guimbarde et tout le monde qui s’affaire à tout ça dans la plus parfaite bonne humeur, et les corbeaux qui croassent, et ça démarre petit à petit, aucune frime toujours, les chamanes (Enké et Brigitte) démarrent leur danse au tambour, entourés de ceux qui les retiennent (ils sont aveuglés par leur masque) et ça frappe, et ça guimbarde, et ça brûle, et ça pue, et ça le fait.
Je suis là, vraiment, à côté de Nathalie, et nous participons, pas seulement spectateurs, participons à l’énergie globale (c’est eux qui nous le disent, ils ont aussi besoin de nous que nous d’eux pour qu’un esprit arrive et prenne possession !!!). Je ne ressens pas grand-chose, si ce n’est une super énergie. Je me concentre, je m’ouvre. Je suis là et pas ailleurs, merde !!!
Brigitte la chamane, s’avance peu à peu dans sa danse. Je me concentre sur l’instant. Je participe, je sens (yeux fermés) une énergie forte, fulgurante, qui me propose un tunnel dans lequel s’engouffrer, c‘est très fort, c’est super (mais j’ai la sensation que je peux ressentir ça chez moi, en me concentrant…), et puis bam ! je me prends le bâton de Brigitte la chamane sur la lèvre, rien de grave, mais ça me réveille tout de suite, j’ouvre les yeux, c’est une erreur de son Toshi (qui la retient), trop près ! Je me demande si c’est un signe, Bri s’arrête, suspend son bâton sonnant autour de moi et dégage sur le côté. C’est juste un incident, pas un signe me concernant ! même pas ! et merde ! Dommage, mais c’est pas grave, on s’en fout, y a pas de hasard !!!

…/…

C’est normal, c’est normal qu’on soit tous touchés et concernés par les mêmes choses, après tout on vit tous plus ou moins les mêmes joies, les mêmes problèmes, les mêmes émotions. Oui, je penche pour cela, rien de grave, l’important est de rester sensible à ce qu’il se passe autour de nous, mais ne jamais perdre le sens de soi, ce petit bonhomme dont parle Mireille, et quand je veux poser la question « est-ce que je dois suivre le chemin que je sens qui se présente aujourd’hui ou est-ce que je me mens à moi-même ? », en fait la réponse est en moi, je sais la réponse, déjà, j’ai qu’à l’entendre ! elle est en moi ! Oui ! Je vais suivre le chemin que je sens qui se présente à moi aujourd’hui !!!
Grand balaise et petit merdeux, on est tous pareils, égaux, sur le même plan, et VIVE L’ANARCHIE !!!

JOUR 10
Y a quelque chose qui se passe, je commence à avoir envie de rester plus longtemps, je commence à décrocher des ateliers théâtre, je commence à avoir envie d’être totalement disponible à ce qu’il peut se passer…
Retour sous le tipi d’Enketuya, toujours aussi bon accueil, cette bienveillance, on s’explique.
Le coup de mailloche sur la lèvre, me dit Brigitte, ça devait être un petit rappel « ho ! tu es là ? arrête de penser, arrête d’observer, sois ouvert, réceptif ! ». Pas con. Je pense qu’elle a raison. Je travaille à être là, dispo, mais quoi ? Pas besoin d’y travailler, sois-le et puis basta ! Et, la petite honte et vexation passée (quel regard !), je m’apaise, tout va bien. On repart pour une cérémonie collective, peu de préparation dehors (il fait beau). Je joue et compare ma guimbarde avec Anne, Brigitte m’invite à en jouer avec eux pour la cérémonie « Enketuya sera ravie si tu joues avec nous ! ». Non, pas possible !… Je fonce, et je m’éclate, j’apprends en plus, tout va bien, je sens que je suis moins sur la tension, sur l’objectif, il se passera ce qu’il se passera…
Ça retape, tambour, transe, je retourne m’asseoir avec les autres, je ferme les yeux, je fais le vide, je sentirai ce que je sentirai, c’est tout ! Et là, je vole… Je passe les détails … et j’ai eu un flash qui me desserre enfin le cœur. Je vole, si vite, si bien, si haut, que c’est pour ça que c‘est pas un problème si je retrouve plus mes jambes : je vole ! Merci. Quel soulagement !
Brigitte nous appelle, Nath et moi, nous dit qu’Enketuya lui a dit qu’il y a deux chamanes dans le groupe, Nathalie et moi ! Je suis tellement dans la sensibilité que j’accueille, je comprends, ça ne m’étonne même plus, c’est pour ça que j’ai la sensation de faire du bien aux gens, de les « réparer » ou du moins d’être poussé à ça (les ados et tout et tout…). J’accepte, je vais aller vers ça !
Brigitte me demande ce que j’ai vu, de la lumière qui brille, qui brûle, des paysages qui défilent sous moi à toute vitesse sans s’arrêter vers un horizon qui brûle, qui grille de lumière et j’avance, et j’avance, en fait je vole. Et… Je lui dis pour mes jambes. Je respire, je respire enfin. Mais oui, déjà, à la clinique traditionnelle, le toubib m’avait dit que j’avais une grosse colère contre… l’opération… et mon état ! Pfou !… Ça me fait du bien.
Et puis on a fait une séance, Didier, Nath et moi, pour travailler sur Christine, sur photo, et on est rentrés tous les trois (les autres étaient en rando ou en soins) à travers la forêt, parlé entre amis, j’ai lavé quelques fringues. Je n’avais pas envie d’écrire tout ça, mais c’est bien quand même. Enketuya m’aime beaucoup, c’est vrai que j’ai un bon feeling avec elle. Je suis libre, je suis dispo. Il me tarde de rentrer à Narbonne. Il me tarde de revenir en Mongolie.
Il est 18 h 30, les autres sont revenus, personne n’est indemne, ça parle fort, ça parle chaud. Avec les yourtes, on entend tout ce qu’il se passe autour. Ça, on peut dire, voyage réussi pour Nathalie ! Et allons bon, deux chamanes de plus sur Narbonne à présent…

JOUR 11
Hier soir, au debriefing, certains ont exprimé leur frustration par rapport aux consultations chamaniques, qu’ils ont trouvées juste comme un entretien avec un psychologue quelconque. Ils auraient aimé du tambour, de la transe, et des réponses ! Je commence à comprendre la philosophie chamanique ici. Viens pas chercher des réponses, mais une « sensation » qui te met, si tu l’écoutes, sur un chemin qui va te remettre dans l’axe et donc te réparer ! Bref, y en a qui sont pas contents ! C’est aussi parce qu’ils ont payé. Hé, hé, moi je n’ai rien payé du tout et j’ai eu tout ce que je voulais !
On repart ce matin, cérémonie très tôt (7 h là-bas). Tout le monde est fatigué, il fait froid et… c’est le bordel, comme d’hab. Ils ont pas organisé, y en a qui sont pas là, une seule voiture pour amener tout le monde… Les Mongols !
Heureusement que Brigitte est là ! Mais bon, tout se met doucement en marche… (disons qu’on aurait pu arriver deux heures plus tard, mais va savoir si ça fait pas partie du tout, 7 heures du mat’, la pleine forêt, transis de froid, à attendre et à regarder se monter le tipi, et à ramasser du bois pour faire du feu et à se demander pourquoi tu es là, décrochage, décrochage, décrochage !…
Tout se met en place, les « déçus » ont leur cérémonie privée, tout le monde est content, je suis de plus en plus intégré, on dirait que je suis avec eux depuis toujours… Enketuya m’affectionne tout particulièrement, et Brigitte itou… Et tout ça se passe dans la plus grande simplicité… Même moi, je me sens à l’aise / Cérémonie / Aucune pression / Là c’est plutôt l’ours qui nous rend visite (et plus l’aigle, dans son halo autour du soleil) / Brigitte Ougods me dit que je dois continuer, me faire confiance, je vole, et je cours, et je rassemble les gens autour de moi… Je le savais déjà, sauf que je l’accepterai mieux désormais, et que j’aurai plus besoin de frimer, de faire semblant !…
Retour, sieste, et atelier théâtre (enfin). Je les ai fait bien travailler. On a terminé sur la chanson de Tom et Jerry. Ils ont semblé ravis. Le road trip tire à sa fin, ça commence à se sentir. Sacré voyage quand même, et pour tout le monde. Personne n’en sortira indemne ! Bravo à Nathalie, je ne sais pas comment elle a fait, mais bravo !
Mais après tout, c’est une chamane, alors…
Ça la touche profondément, Enke et Bri lui ont dit qu’elle devait et allait changer sa manière de travailler et ça tombe bien, elle est en train de vouloir changer ! Nath prend vraiment tout cela au sérieux. C’est une chouette fille, et on aura fait une belle équipe, bordel !
Soirée tarot, et vodka ! On s’est lâchés, c’était bien (toujours les mêmes : Didier, Nath, Jocelyne, Marc, Caroline, Florent, Laetitia) et dodo.

JOUR 12
Dernier tronçon de piste et route avec les chauffeurs et les WAZ wagons (quels engins !…). Tout le monde est un peu fatigué. On a mangé au milieu de nulle part, pique-nique entre deux camions avec bâche pour le soleil (qui tape sérieux !…), en pleine steppe avec Moron au lointain, l’aérogare au lointain et les montagnes pelées derrière. Si, quand même on n’était pas seuls, y avait un troupeau de pattes courtes, au lointain.
Assez surréaliste : au bout du compte, on est partis vers l’aéroport à pied, avec l’impression de s’approcher vers une oasis de… civilisation !
C’est ça qu’il y a de bien en Mongolie, t’as pas à être inquiet, parce que les éventuels emmerdeurs, tu les vois venir de loin !