Burkina Faso, novembre 2017, Blandine

Voyage "Maternage" au Burkina en Novembre 2017

Approche socio-anthropologique de la gestuelle de l’enfant dans les sociétés africaines, cas à Ouagadougou, Burkina Faso. 

Présenté par Blandine BILA

Introduction
Il est courant d’entendre dire que les « africains » savent mieux mouvoir leur corps que d’autres groupes de populations, notamment les européens. Ou encore que les femmes africaines savent porter leur canaris sur la tête dans un équilibre gracieux, ou encore qu’elles ont le secret pour porter leur enfant au dos sans sangle de sécurité… ; Toutes ces représentations de « l’africain » dans sa gestuelle amènent à poser la question en anthropologie sociale et en anthropologie physique des déterminants socio-culturels de la gestuelle de l’enfant africain, et de leur relation avec l’environnement physique de vie et de développement du jeune africain, en prenant le cas de l’enfant dans son milieu familial à Ouagadougou. Mais avant d’aborder la question du terreau culturel de la gestuelle particulière de l’enfant en Afrique, nous allons d’abord nous familiariser comprendre les conditions sanitaires dans lesquelles cet enfant nait et grandi, à travers quelques données de santé publique. Il est également nécessaire de comprendre le contexte culturel particulier de cette étude dans une société hybride et cosmopolite ancrée dans la culture moose mais qui s’approprie sans complexe des apports des autres spécificités culturelles locales tout en restant, il faut le reconnaitre, assez poreuses – voire trop facilement poreuse face aux valeurs et à l’interventionnisme occidentales bien souvent présentées comme universelles…

I/ Données épidémiologiques sur la santé de la mère et de l’enfant 1.1-Tableau de bord 2006 (INSD)
-Espérance de vie à la naissance : 2006 : 55,8 ans pour hommes ; 57, 5 ans pour femmes ; Moy : 56,7
-Population, 2006 : Total : 14 017 262 ; Masculin : 6 768 739 ; féminin : 7 248 523 En 2017, estimation à 18 000 000, répartition ; 48/52
-Taux de mortalité : 11,8
-Taux de mortalité maternelle (307 pour 100 000)
Les niveaux de mortalité adulte sont identiques pour les hommes et les femmes.
• Entre 15 et 50 ans, les hommes et les femmes courent un risque de décéder d’un sur sept.
• Les décès maternels représentent 19 % de tous les décès de femmes de 15-49 ans.
Les femmes courent un risque de 1 sur 50 de décéder de cause maternelle pendant les âges de procréation.
• Le rapport de mortalité maternelle est estimé à 341 décès pour 100 000 naissances vivantes au cours de la période de sept ans précédant l’enquête.
-Quotient de mortalité Infanto-Juvénile, 2006 : 142%O
-Taux de consultation : 6,9 ; 5,8 pr Hom ; 7 pr fem
Données 2017 (https://www.populationdata.net/pays/burkina-faso/)
Population
Croissance démographique Superficie
Densité
PIB
PIB/habitant
Croissance du PIB Espérance de vie)
Taux de natalité
Indice de fécondité
Taux de mortalité
Taux de mortalité infantile
19 632 147 habitants (2017) 3,16 % / an
270 764 km2
72,51 habitants / km2
12,115 milliards $USD (2016) 650 $USD (2016)
5,86 % / an (2016)
58,59 ans (2014)
40,02 ‰ (2014)
5,52 enfants / femme (2014) 9,56 ‰ (2014)
50,90 ‰ (2015)

1.2-EDS EDSBF-MICS 2012 (à partir des données2010)
1.2.1-Caractéristiques des ménages et des personnes enquêtées
Plus des trois quarts des ménages (77 %) utilisent de l’eau provenant d’une source améliorée. Cette proportion est de 71 % en milieu rural contre 94 % en milieu urbain. • Seulement 15 % des ménages disposent de toilettes améliorées et non partagées. Cette proportion varie de 42 % en milieu urbain à 6 % en milieu rural.
• Près d’un Burkinabè sur deux a moins de 15 ans et la grande majorité de la population burkinabè vit en milieu rural (78 %).
Malgré une nette amélioration du niveau d’instruction de la population, on constate que les femmes sont toujours moins instruites que les hommes.
• Seulement 23 % des femmes et 38 % des hommes sont considérés comme étant alphabétisés.
• En milieu urbain, 52 % des femmes et 67 % des hommes sont alphabétisés contre respectivement 11 % et 25 % en milieu rural.

1.2.2-Pyramide des âges
L’allure de la pyramide des âges (graphique 2.1) qui présente une base élargie se rétrécissant rapidement au fur et a mesure que l’on avance vers les âges élevés rend compte de la jeunesse de cette population. Cette forme de la pyramide des âges est également caractéristique des populations à forte fécondité et a mortalité élevée.
Par ailleurs, la structure par Age présente certaines irrégularités au niveau de chaque sexe. Mis à part le déficit d’hommes souligné précédemment, on observe, chez les femmes et les hommes, mais de manière plus nette chez les femmes, un rétrécissement prononce des effectifs au groupe d’âges 15-19 ans. Il s’agit certainement, en partie, d’un transfert des effectifs de ce groupe d’âges vers celui de
10-14 ans, âges auxquels les femmes ne sont pas encore éligibles pour être enquêtées.

1.2.3-Taille et composition des ménages
Dans l’ensemble, au Burkina Faso, la plupart des ménages sont dirigés par un homme (90 %). Dans seulement un ménage sur dix (10 %), le chef de ménage est une femme et, Cette proportion est plus élevée en milieu urbain que rural (26 % contre 16 %). La proportion de ménages qui abritent des orphelins simples (un seul parent décédé) s’élève à 8 % et elle varie de 8 % en milieu rural a 10 % en milieu urbain. Enfin, 1 % des ménages compte des orphelins doubles (les deux parents décédés) et cette proportion est plus élevée en milieu urbain que rural (3 % contre 1 %).

1.2.4-Niveau d’instruction
L’examen des résultats selon l’Age met en évidence une nette amélioration du niveau d’instruction des générations les plus récentes par rapport aux générations les plus anciennes. En effet, la proportion d’hommes sans aucune instruction est passée de 96 % chez ceux âgés de 65 ans et plus a 39 % chez ceux de 10-14 ans. Le pourcentage plus élevé de non instruits chez les garçons de 6-9 ans par rapport a ceux du groupe d’âges 10-14 ans (59 % contre 39 %) s’expliquerait par le fait que tous les garçons de 6-9 ans n’ont pas encore intègre le système scolaire. Chez les femmes, les progrès ont été moins rapides.
Les disparités entre les régions sont également importantes. La région du Centre qui abrite la capitale Ouagadougou se caractérisé par les proportions les plus faibles de personnes sans instruction : 27 % des hommes et 39 % des femmes, suivie par celle des Hauts Bassins (qui abrite la deuxième ville du pays, Bobo-Dioulasso) dans laquelle 49 % des hommes et 63 % des femmes n’ont jamais été a l’école. A l’oppose, les régions de l’Est et du Sahel se caractérisent par les proportions les plus élevées de personnes sans aucune instruction : dans la région de l’Est, 77 % des hommes et 83 % des femmes ne sont jamais allées a l’école. Ces proportions sont respectivement de 84 % et 88 % dans la région du Sahel.

1.2.5-Fécondité
La fécondité des femmes Burkinabès demeure encore élevée puisque chaque femme donne naissance, en moyenne, à 6,0 enfants.
• Cependant depuis 1993, le nombre moyen d’enfants diminue : en effet,
de 6,9 en 1993, il est passé à 6,2 en 2003 puis à 6,0 en 2010.
• Les femmes du milieu urbain ont un niveau de fécondité nettement plus faible que celles du milieu rural (3,9 enfants contre 6,7 enfants par femme).
• Avec plus de 7 enfants par femme, c’est dans les régions de l’Est et du Sahel que le niveau de la fécondité est le plus élevé.
Les résultats selon les caractéristiques sociodémographiques présentes au tableau 4.11 montrent que cet Age médian a la première naissance varie de manière importante selon le niveau d’instruction de la femme, l’arrivée d’une première naissance étant plus tardive chez les femmes ayant un niveau d’instruction au moins secondaire que chez les autres (23,8 ans contre 19,3 ans chez celles sans
instruction et 19,9 ans chez celles ayant un niveau primaire). On note aussi que cet âge à la première naissance est plus précoce chez les femmes vivant dans un ménage du quintile le plus pauvre que chez celles des ménages du quintile le plus riche (19,0 contre 20,8 ans). On constate des écarts selon le milieu et la région de résidence : en milieu rural, il est estime a 19,2 ans contre 20,6 ans en milieu urbain et, dans les régions, il varie d’un minimum de 18,7 ans dans le Sahel a un maximum de 21,4 ans à Ouagadougou.

1.2.6-Planification familiale
Dans l’ensemble, 15 % des femmes utilisent actuellement une méthode contraceptive ; 14 % d’entre elles ont recours à une méthode moderne et 1 % utilise une méthode traditionnelle. Les méthodes les plus utilisées par les femmes sont les injectables (5 %), les implants (3%) et le condom masculin (3 %).
• La prévalence contraceptive est trois fois plus élevée en milieu urbain qu’en milieu rural.
• La moitié des femmes ayant un niveau secondaire ou plus utilisent une méthode quelconque (51 %), essentiellement une méthode moderne, contre seulement 12 % parmi les femmes sans instruction.
• Depuis 2003, la prévalence contraceptive moderne parmi les femmes en union est passée de 9 % à 15 % en 2010. En milieu rural, on note une nette amélioration, la prévalence contraceptive a plus que doublé
passant de 5 % en 2003 à 11 % en 2010.

1.2.6-Nuptialité et exposition aux grossesses
Parmi les femmes en union, la proportion de celles qui vivent en union polygame est de 42 %. Environ un homme en union sur cinq (22 %) est polygame.
• L’âge médian des femmes à la première union est estimé à 17,8 ans et il est quasiment identique à l’âge aux premiers rapports sexuels (17,8
ans).
• Cet âge médian à la première union varie de 16,1 ans dans le Sahel à 27,8 ans dans le Centre.
• L’âge médian des hommes à la première union est estimé à 25,5 ans et c’est à Ouagadougou et parmi ceux qui ont un niveau d’instruction, au moins, secondaire qu’il est le plus tardif.

1.2.7-Santé de la reproduction
Les résultats de l’EDSBF-MICS IV mettent en évidence une nette tendance à l’amélioration de tous les indicateurs de santé de la reproduction.
• Depuis 1993, la proportion de femmes ayant reçu des soins prénatals par un prestataire formé a nettement augmenté, passant de 59 % à 73 % en 2003 et à 95 % en 2010.
• la proportion de femmes dont l’accouchement s’est déroulé en établissement de santé est passée de 38 % en 2003 à 66 % en 2010. Durant la même période, la proportion de femmes dont l’accouchement a été assisté par du personnel formé est passée de 42 % en 1993 à 57 % en 2003 pour atteindre 67 % à l’enquête actuelle en 2010.
• Dans l’ensemble, 72 % des femmes ont reçu des soins postnatals dans les 48 heures suivant la naissance, conformément aux recommandations.
À l’opposé, dans 11 % des cas, l’examen a eu lieu assez tard, c’est-à-dire entre 3 et 41 jours.
Fistule Obstétricale (p.
Le tableau 8.12 présente aussi la proportion de femmes qui souffre de cette maladie ou qui en ont souffert dans le passe. Cette proportion est extrêmement faible (0,1 %), et cela quelle que soit la caractéristique sociodémographique.

Au cours de l’EDSBF-MICS IV, des questions ont été posées aux femmes âgées de 15-49 ans pour savoir si elles avaient déjà entendu parler de ce problème. En outre, on a demandé aux femmes si elles avaient été affectées par ce problème ou si elles en souffraient actuellement.
Au moins (49 %) des femmes du premier quintile ayant le niveau secondaire et celles vivant dans un ménage classe dans le quintile le plus riche (43 %) ont
plus fréquemment entendu parler de la fistule obstétricale que les autres femmes.

1.2.8-Santé de l’enfant
Parmi les enfants de 12-23 mois, 81 % sont complètement vaccinés.
• C’est dans la région du Centre-Nord que la couverture vaccinale est la plus importante et, à l’opposé, c’est au Sahel et dans les Cascades qu’elle est la plus faible.
• Environ un enfant de moins de 5 ans sur cinq a eu de la fièvre au cours des 2 semaines ayant précédé l’enquête. Dans 46 % des cas, la fièvre n’a pas été traitée. Seulement 35 % des enfants ayant eu de la fièvre ont pris des antipaludiques.
• Pendant les deux semaines ayant précédé l’enquête, 15 % des enfants de moins de cinq ans ont souffert de la diarrhée. Dans un tiers des cas (33 %), les enfants ont continué à s’alimenter et ont été traités avec une TRO et/ou ont reçu davantage de liquides.
Conformément aux recommandations de l’OMS dans le cadre du programme élargi de vaccination (PEV) mis en œuvre par le ministère de la sante, tout enfant doit, avant son premier anniversaire, être vaccine contre les principales maladies évitables par la vaccination que sont :
-la tuberculose,
-la diphtérie,
-le tétanos,
-la coqueluche, et la rougeole, – la fièvre jaune,
-et depuis janvier 2006 au Burkina Faso, l’hépatite B et l’Haemophilus influenzae B.
NB : Les vaccins contre l’hépatite B et l’Haemophilus influenzae B sont administres dans une combinaison unique avec le DTCoq dénommée Pentavalent.
Un enfant est considère comme complétement vaccine lorsqu’il a reçu :
- une dose de vaccin BCG (contre la tuberculose),
-trois doses de vaccin DTC-HepB-Hib (contre la diphtérie, le tétanos, la Coqueluche, l’hépatite virale B, les méningites et pneumonies dues à Haemophilus influenzae B), -trois doses de vaccin polio oral (contre la poliomyélite),
-une dose de vaccin anti rougeoleux
– une dose de vaccin antiamaril (contre la fièvre jaune), selon le calendrier vaccinal en vigueur.
La couverture vaccinale a enregistré une nette amélioration entre 2003 et 2010 :
La proportion d’enfants complètement vaccines contre les maladies cible du PEV, qui était de 39 % en 2003 a augmenté pour atteindre 81 % en 2010. En revanche, la proportion d’enfants n’ayant reçu aucune vaccination a chuté de façon importante, passant de 12 % en 2003 à 2 % en 2010. Cela s’est traduit par une augmentation de la couverture vaccinale dans toutes les régions du pays de 2003 à 2010 (tableau 9.3).

1.2.9-Maladies des enfants
2- Infections respiratoires aiguës (IRA)
Les infections respiratoires aigües (IRA), et particulièrement la pneumonie, constituent l’une des premières causes de mortalité des enfants dans les pays en développement. Pour évaluer la prévalence de ces infections parmi les enfants.
Pour seulement 56 % des enfants ayant présenté des symptômes d’infections respiratoires aigües, on a recherche un conseil ou un traitement aupres d’un établissement ou d’un prestataire de sante. Les effectifs trop faibles ne permettent pas de commenter les variations dans les différents sous-groupes. Par ailleurs, les résultats montrent que 47 % des enfants ont pris des antibiotiques pour traiter leur IRA.
3-Diarrhées
De l’examen des données du tableau 9.7, il ressort que, globalement, 15 % des enfants de moins de cinq ans ont souffert de la diarrhée pendant les deux semaines ayant précédé l’enquête. La prévalence de la diarrhée est particulièrement importante chez les jeunes enfants de 6-11 mois (21 %) et de 12-23 mois (25 %) (Graphique 9.3). Ces âges de forte prévalence sont, non seulement, les ages auxquels les enfants commencent à recevoir des aliments autres que le lait maternel et a être sevrés, mais aussi, les âges auxquels les enfants commencent a explorer leur environnement, ce qui les expose davantage à la contamination par des agents pathogènes.
1-Paludisme
Prévalence : 45, 6%
Au Burkina Faso, le paludisme est la première cause de consultation, d’hospitalisation et de mortalité dans les formations sanitaires. Les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes paient chaque année le plus lourd tribut a cette maladie. En 2010, selon le tableau de bord du ministère de la Sante, le paludisme constituait le principal motif de consultation (48 %) et d’hospitalisation (63 %) et il était la cause de 55 % des décès dans les formations sanitaires de districts.
La majorité des ménages possèdent au moins une Moustiquaire imprégnée d’insecticide (MII), essentiellement une MIILDA (56 %).
• Un peu plus d’un enfant sur deux avait dormi sous une moustiquaire la nuit ayant précédé l’enquête (53 %) et la grande-majorité avait dormi sous une MIILDA (47 %).
• Un peu plus d’une femme enceinte sur deux avait dormi sous une moustiquaire la nuit ayant précédé l’enquête (53 %) et, dans la majorité des cas, la moustiquaire était une MIILDA (44 %).
• Parmi les femmes enceintes, 88 % ont pris un antipaludéen pendant la
grossesse et, dans la majorité des cas, il s’agissait de SP/Fansidar (74 %). • Plus des trois quarts des enfants de 6-59 mois (76 %) ont eu un test TDR positif. La prévalence de l’infection palustre est estimée à 66 %.
Enfants de moins de 5 ans
En premier lieu, les résultats du tableau 10.7 montrent que 21 % des enfants de moins de 5 ans avaient eu de la fièvre au cours des deux semaines ayant précède l’enquête. Parmi ces enfants, 35 %…… ?
Les résultats selon l’âge montrent que, globalement, ce sont les enfants les plus ages qui ont été les plus fréquemment traites avec des antipaludéens quand ils avaient de la fièvre ; en particulier, c’est dans le groupe d’âges 36-47 mois que cette proportion est la plus élevée (40 %). Dans la majorité des cas, le traitement a été administre rapidement après la survenue de la fièvre (28 % soit 70 % des enfants ayant pris des antipaludéens).

1.2.9-Allaitement et état nutritionnel
A la naissance, la quasi-totalité des enfants sont allaités. Cependant, la pratique de l’allaitement exclusif est peu répandue.
• Seulement 3 % de l’ensemble des enfants de 6-23 mois ont été nourris de manière appropriée, c’est-à-dire en suivant les pratiques d’alimentation optimales du nourrisson et du jeune enfant.
• Un peu plus d’un tiers des enfants de moins de 5 ans accusent un retard de croissance. L’émaciation touche 16 % des enfants et dans 26 % des cas, les enfants de moins de 5 ans présentent une insuffisance pondérale.
• Parmi les enfants de 6-59 mois, 88 % sont anémiés.
• L’anémie touche 49 % des femmes et 29 % des hommes.
• Une proportion élevée de femmes (16 %) ont un IMC inférieur à 18,5 et présentent donc un état de déficience énergétique chronique.

Au Burkina, la moitié des enfants sont allaites pendant une période de près de deux ans (23,8 mois). On ne constate pas de disparités importantes selon les caractéristiques sociodémographiques.

Anémie ; fer
Comme pour les enfants, la proportion femmes qui vivent dans un menage disposant du sel iode est très élevée (96 %).
La majorité des enfants anémies le sont modérément (59 %) et ils présentent pratiquement les mêmes caractéristiques que l’ensemble des enfants anémies ; Les enfants souffrant d’anémie sévère présentent un profil sociodémographique diffèrent de celui des enfants présentant la forme légère. On observe ainsi que la prévalence de l’anémie sévère est élevée dans les régions qui comptent les proportions les plus élevées d’enfants anémies : Sahel (20 %), Est (17 %), Nord (14 %) et Centre-Ouest (13 %) est largement plus élevée que dans les autres régions, moins touchées. Les enfants de mère sans instruction souffrent, également, beaucoup plus d’anémie sévère que ceux des mères de niveau secondaire ou plus (12 % contre 3 %). Enfin,
la prévalence de l’anémie sévère des enfants des ménages les plus pauvres est près de quatre fois plus élevée que celle des enfants des ménages les plus riches (15 % contre 4 %).

Un peu plus d’un tiers des enfants (35 %) souffrent de retard de croissance :
-20 % sous la forme modérée
-et 15 % souffrent de retard de croissance sévère. Ce niveau est classe comme étant élevé. Cette forte prévalence du retard de croissance présente des écarts importants en fonction des variables sociodémographiques.
On constate que la proportion d’enfants accusant un retard de croissance a légèrement augmente de 1998 a 2003, passant de 37 % a 39 %, et qu’elle a ensuite diminue pour atteindre 30 % en 2010 (p216, voir graphique 11.4 figurent les niveaux de malnutrition des enfants de moins de 5 ans d’après l’EDSBF II de 1998-1999, l’EDSBF III de 2003 et l’EDSBF-MICS IV 2010).
1.2.10-Mortalité des enfants de moins de 5 ans : 50,90 ‰ (2015)
Bien que le niveau de la mortalité infanto juvénile du Burkina Faso se situe parmi les plus élevés au monde, il n’en demeure pas moins qu’il a diminué régulièrement depuis quinze ans.
• C’est dans le Centre-Est (80 ‰) et dans le Centre (93 ‰) que les taux de mortalité infanto juvénile sont les plus faibles ; à l’opposé, c’est dans les régions du Sahel (235 ‰) et du Sud-Ouest (195 ‰) qu’ils sont les plus élevés.

• Les niveaux de mortalité varient de manière importante selon le niveau d’instruction de la mère : quand la mère n’a aucune instruction, le taux de mortalité infanto- juvénile est estimé à 156 ‰. Quand la mère a un niveau primaire, ce taux est de 110 ‰ et il est estimé à 62 ‰ quand la mère a
un niveau, au moins, secondaire.

1.2.11-VIH sida et facteurs associés
Le taux de couverture du test du VIH est élevé puisqu’un échantillon de sang a été prélevé et testé pour 96 % des 16 176 personnes éligibles.
• Dans l’ensemble, 1,0 % des personnes de 15-49 ans sont séropositives, versus 09% en 2014, et continuerait à baisser, estimation, entre 06-07% en 2017 (PNUD), sauf chez les HSH (3,6% en 2014).
• Le taux de séroprévalence chez les femmes de 15-49 ans, estimé à 1,2 %, est plus élevé que celui observé chez les hommes du même groupe d’âges (0,8 %).

• Depuis 2003, on a observé une baisse sensible de la prévalence, en particulier chez les hommes (DE 7% en 1997 à moins de 1% en 2014).
• La prévalence du VIH varie de manière importante en fonction du milieu de résidence, de l’état matrimonial, du fait d’être circoncis et du nombre de partenaires sexuels sur la durée de vie.

1.2.12-Statut de la femme
Parmi les femmes en union ayant travaillé, 44 % n’ont pas été payées pour le travail effectué contre 27 % parmi les hommes ayant travaillé.

• La grande majorité des femmes en union qui gagnent de l’argent (88 %) décident elles-mêmes de l’utilisation de leurs gains et dans 5 % des cas, cette décision est prise conjointement dans le couple.
• La proportion d’hommes possédant, seuls, une maison est beaucoup plus élevée que celle des femmes (54 % contre 5 %). En outre, 51 % des hommes ont déclaré posséder des terres (contre 32 % des femmes) ; dans la majorité des cas, ils sont seuls propriétaires (37 %).

• Les décisions concernant les soins de santé de la femme et les achats importants pour le ménage sont prises, dans la majorité des cas, par l’homme. Dans seulement 8 % des cas, la femme décide principalement pour ses propres soins de santé.
• Plus de quatre femmes sur dix (44 %) pensent que pour, au moins une des raisons citées, il est justifié qu’un homme batte sa femme ou partenaire. Cette opinion est plus répandue parmi les femmes de 45-49 ans, en milieu rural et parmi celles vivant dans un ménage classé dans le quintile le plus pauvre.

1.2.13-Excision
L’excision reste une pratique encore très répandue au Burkina Faso. Cependant, les résultats montrent que cette pratique tendrait à diminuer.
• L’excision demeure un phénomène plus fréquent en milieu rural qu’en milieu urbain et c’est dans les régions du Centre-Est (90 %), du Centre- Nord (87 %), du Nord (88 %) et du Plateau Central (88 %) que les proportions de femmes excisées sont les plus élevées.
• Dans l’ensemble, la majorité des femmes et des hommes pensent que l’excision devrait disparaître.

Au regard de la situation sanitaire préoccupante et des mauvais indicateurs en matière de SMI, les autorités du ministère de la santé ont décidé de l’élaboration d’une stratégie pour une maternité sans risque dont les principaux objectifs étaient : Améliorer la qualité et l’accessibilité des soins, réduire les obstacles socioculturels, impliquer les communautés dans la gestion des programmes de santé de la reproduction. Les principaux axes stratégiques s’articulaient autour des points suivants : Le renforcement institutionnel, le développement d’une approche IEC (information – éducation -communication) appropriée, la collaboration intersectorielle avec une mobilisation sociale en faveur de la santé reproductive. Cette stratégie devrait remplacer le dernier programme national de SMI / PF.
Engagement pris par le Burkina Faso
Le gouvernement a adopté en 2006 un plan de subvention des soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU), prenant en charge les césariennes International (2009 : 18-19), Il s’agit de la stratégie nationale de subventions des accouchements et des soins obstétricaux et néonatals d’urgence.
Conformément à cette politique de subvention, les femmes sont censées bénéficier d’une prise en charge à 80 % des coûts d’accouchement. Les femmes « indigentes » (c’est-à-dire vivant dans un état de pauvreté extrême) doivent être intégralement prises en charge et le transport entre les différents centres de santé doit être gratuit pour toutes les femmes en situation d’accouchement.
+extension de la couverture territoriale, faisant passer le nombre de CSPS de 798 en 2000 à 1 352 en 2008, ce qui a permis de réduire la distance moyenne à parcourir
pour parvenir à un centre de soins de 9,4 kilomètres en 2000 à 7,5kilomètres en 2008.

+le Burkina Faso a souscrit à de nombreux engagements tant au niveau international qu’au niveau africain en faveur de la santé de la mère et de l’enfant (Marie Gisèle GUIGMA/DIASSO, 2012 : 13-17),
- la gratuité des soins préventifs pour les enfants et les femmes enceintes (y compris la prévention du paludisme); La mesure est mise en œuvre depuis 2015.
– la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticides aux femmes enceintes ; elle a été mise en œuvre en 2010 (Jean Pierre O. et al (2014).
- le changement de protocole de traitement des cas de paludisme par l’adoption des combinaisons de molécules (Coartem).
– le programme de prévention de la transmission mère-enfant du VIH (PTME) 2006- 2010, puis ETME depuis 2010 et Normalisation
- la planification familiale (PF) ;
- la prévention du paludisme chez les femmes enceintes ;
– la prévention de l’anémie chez la femme enceinte ;
- les soins obstétricaux et néonataux essentiels (SONE) ;
- les soins obstétricaux et néonatals d’urgence (SONU) ;
- la consultation du post-partum.
Pour la réduction de la mortalité infanto-juvénile les stratégies et leur niveau de mise en œuvre sont décrits dans les lignes suivantes :
- vaccination antitétanique des femmes enceintes ;
- prévention de la transmission mère enfant du VIH (PTME/VIH) ;
- vaccination des enfants de moins d’un an ;
- prévention du paludisme chez les enfants de 0 à 5 ans ;
- nutrition des enfants.
-L’implication des communautés et des autres secteurs dans la gestion des services de maternité sans risque. La CPN et les accouchements sont pratiqués par 85 % des formations sanitaires. La Planification Familiale par 68 % des formations sanitaires, la consultation pré-conceptuelle par 7 % des formations sanitaires, la vaccination par 85 % des formations sanitaires. Sur le plan de l’amélioration des compétences (gestion des services, prestations cliniques) 54 % des agents de santé ont été formés dans la prise en charge des femmes enceintes, l’élaboration des curricula de formation et des politiques et standard en SMI / PF.
Suivi post natal
Pour Sandrine MARIAUX et al. (2008 : 33) le suivi de la femme qui vient d’accoucher dans le contexte du Burkina s’effectue en fonction de la nature de l’accouchement : Une femme ayant eu un accouchement par voie basse sans complication reste dans la salle commune à côté de la salle d’accouchement.
Elle doit y rester 24 heures sous surveillance. Deux fois dans la journée, on observe : • Ses constantes (tension artérielle, pouls, température)
• Ses conjonctives à la recherche d’une anémie
• L’état de l’utérus, pour voir s’il s’est bien rétracté
• Si le colostrum est déjà présent. Si après 24h la femme n’a toujours pas eu de montée de lait, les soignantes ne s’inquiètent pas. Elles disent à la femme qu’elle doit essayer plus souvent d’allaiter son enfant, et que c’est la tétée qui va stimuler l’arrivée de lait.
• S’il y a présence de lochies, c’est-à-dire de pertes de sang associées à des caillots de sang, des débris placentaires ou des suintements de plaie périnéale
• L’état de la suture dans le cas d’une épisiotomie.
Quand tout est dans les normes, on donne à la femme 2 ordonnances, une pour elle et une pour son enfant. Elles contiennent des antibiotiques associés avec du fer pour la mère et l’enfant reçoit des antibiotiques pendant 3 jours, sous forme de sirop et de collyre à mettre dans les yeux. Ce dernier traitement prévient les séquelles de certaines MST, potentiellement transmises lors de l’accouchement.

II/ Etude anthropologique
Milieu d’étude
Nous avons choisi comme milieu d’étude la ville de Ouagadougou, notamment un quartier périphérique, le secteur 30.
Population cible
L’étude porte sur les enfants de 0 à 05 ans et leur entourage (mère, père, groupe d’enfants « garde-bébé », oncles, tantes).
Outils de collecte de données
Les données ont été collectées à l’aide d’une grille d’observation directe et d’un guide d’entretien semi-directif.
Méthode
Dans l’objectif de savoir comment l’enfant africain arrive à effectuer des gestes dans un rythme qui lui est propre, nous avons utilisé la méthode qualitative, en privilégiant l’observation. Nous avons observé 06 couples mère-enfant et avons procédé à des entretiens systématiques avec 05 mères.

2.1-Analyse et interprétation des données.
2.1.1-Le réseau de sociabilité de l’enfant de 0 – 59 mois
2.1.1)-Accouchement jusqu’à quelques semaines (3 mois en général pour les mères primipares)
La mère, au moins une grand-mère, une sœur de la mère ou du père ; bref, la mère est presque toujours assistée par une autre femme qui a l’expérience de l’accouchement et qui lui est proche, ou qui est proche du père de l’enfant pour :
-La gestion du travail d’accouchement, des premières douleurs jusqu’à l’accompagnement à la maternité ; cette femme accompagne l’action des sages- femmes en : Soutenant la femme qui se tord de douleur pour la protéger et protéger l’enfant, en informant les SF de l’évolution du travail, en aidant la femme à se positionner sur la table d’accouchement, en veillant à l’hygiène (elle dépose un pagne sur la table d’accouchement…, et si émission de fluides ou d’excrétas elle nettoie… ), elle rend compte aux accompagnants (parmi lesquels peut-être le père) qui attendent dehors. Une fois l’accouchement terminé elle repère le lit de la nouvelle accouchée, la conduit et va l’installer elle et son BB, elle la surveille et au besoin interpelle les SF pour des contrôles ou soins d’urgence ; elle lave le linge de l’accouchement (couches, etc. ) ; elle raccompagne également la femme à son domicile …

Soins au nouveau-né:
*La gestion du nombril : Application de beurre de karité pur chauffé (ou mieux, de noix de karité torréfiée rappée) dans un morceau de poterie aux braises ardentes jusqu’à ce que le bout de placenta sèche et tombe (en gnl au bout d’une semaine). Méthode plu rapide = application de « cube maggy » ; le nombril tombe en 3 jours max
*Bain et Massage de l’enfant : bain pratiqué généralement par autre femme que la mère ; alternance eau chaude-eau fraîche ; application eau C sur la tête (pour prévenir rhum, et aider au sommeil de BB). Massage vigoureux de l’enfant (redressement de certaines parties du corps qui ne correspondent pas aux convenances sociales : la forme de la tête notamment.
Action particulière (insistance de massage au beurre de karité avec alternance eau Chaude-Fraîche pendant les premiers jours de vie de l’enfant) sur la colonne vertébrale et les os des membres pour les redresser et les assouplir ;
-Contrôle du cri de l’enfant et de son équilibre, on le jette en l’air et on le réceptionne ; on le secoue en le tenant en suspension par les épaules.

-Dès que le nombril est tombé, le BB peut aller au dos pour rester en contact permanent avec la mère ou la grand-mère… pour la chaleur humaine ; le BB nourrie son mental avec la chaleur humaine lors de la mise au dos; le pagne doit en ce moment être bien ajusté pour soutenir la jeune colonne vertébrale de BB et la maintenir droite. Son pot de tête également est bien surveillé pour rester droite, surtout pendant les premières séances qui seraient décisives… ; l’écartement des jambes est également surveillé et ajusté pour éviter que l’enfant n’ait les jambes arquées par la suite.
Etc. voir plus bas, Julienne
-les femmes chantent des berceuses et parlent au BB même si elles savent qu’il ne les comprend pas ; elles lui parlent et chantent avec douceur ; tous les gestes envers le bb sont faits avec extrême douceur.
-pendant ces premiers jours de vie du BB, si les jeunes enfants sont tolérés auprès de lui, ils sont très surveillés et ne peuvent pas le prendre, de peur qu’ils lui déplacent une de ses fragiles articulations.
2.1.2-) des suites de couche jusqu’à la dentition
-Toujours une forte présence de maman et des « puéricultrices familiales », versus un évitement des hommes ; nuit et jour, bébé est à côté de maman et allaite à souhait. Ses moindres gestes et plaintes sont suivis d’une satisfaction immédiate ou suscitent une réaction de protection ;
NB : Hommes : Pendant cette période et jusqu’au sevrage, évitement des hommes ; peur que le lait de la maman ne gâte les « forces » des hommes (autres « wak » = actes magiques) ; ne savent pas tenir les enfants ; n’ont pas le temps pour les choses puériles… Ne se sentent intéressés et valorisés que pour accompagner dans les formations sanitaires (et la encore…), pour achat ordonnances et autres assistance à distance du couple mère-enfant
Autres enfants : Dès que BB commence ç être potelé, il est considéré comme plus solide et moins susceptible d’être tordu par les autres enfants qui acquièrent avec le temps, le droit de jouer avec lui et les petites filles (à partir de 2-A ans…) commencent à âtre autorisées à porter leur petit-frère. Mais la mère ou un autre adulte est toujours à côté, et cela jusqu’à ce que la petite fille soit assez responsable (8-10 ans ?).
Les mères doivent également éviter les lieux masculins avec leur lait, leurs règles…, qui constituent des regdo (saletés dangereuses pour les hommes et leurs attributs, notamment le « wak ».

2.1.2-) Après la première dentition et jusqu’au sevrage
Idem, toujours avec une grande proximité de la mère, toujours assistées de femmes plus expérimentées, avec, si besoin, l’assistance des vendeuses de yammde.

2.1.3-) Après le sevrage et jusqu’à l’adolescence
Les espaces Hommes/ Femmes et enfants se réduisent.
-Les jeunes femmes qui n’allaitent plus peuvent maintenant, si elles ne sont pas en règles, se présenter et même rester sur les lieux masculins; elles sont particulièrement sollicitées pour les relations sexuelles
-L’enfant sevré est sollicité par les autres enfants pour jouer, manger, aller dormir… bref, il est de moins en moins avec sa mère et les puéricultrices familiales et de plus en plus avec les autres enfants. C’est ainsi qu’il va apprendre par imitation.
-L’enfant sevré reste néanmoins assez attaché à sa mère, et cela jusqu’à l’arrivée de son petit frère. Cet évènement fera de lui un grand-frère ou une grande sœur, avec des responsabilités par rapport à son cadet.
-L’arrivé du petit-frère fait également de l’enfant un grand enfant qui va commencer l’apprentissage de ses attributs de genre (Homme/Femme).
-Les enfants 0-3 ans (environs) de sexe confondus jouent généralement ensemble sous la surveillance des plus grands ;
-Plus ils gagneront en âge plus ils s’affirmeront comme Garçon/Filles
-Les garçons s’éloigneront ainsi progressivement des mères et autres puéricultrices familiales ; les filles bien au contraire s’en rapprocheront pour apprendre leur future rôle de femme et aider leurs mères.
Synthèse : jouer, danser, cultiver,… tout s’apprend par l’enfant qui s’éveille de son état de nouveau-né, au contact d’abord de sa mère et des puéricultrices familiales, ensuite, avec ses camarades de jeux, par imitation des plus grands.

2.2-Typologie de la gestuelle de l’enfant africain
De façon générale la gestuelle de l’enfant peut être définie comme l’ensemble des gestes que l’enfant émet. Par extension, elle est considérée comme un processus qui permet à l’enfant de découvrir son monde et de s’y adapter.

Gestes codés
L’enfant, dans la première période de sa naissance (moins de deux mois), ne possède pas encore de moyens verbaux pour dialoguer. Il mobilise toutefois d’autres compétences pour échanger et exprimer ses intentions. C’est ainsi que la plupart des enfants de moins de 02 mois observés dans leur état de fatigue, en position couchée, de manière consciente soulèvent les fesses, chutent les pieds pour demander qu’on les relèves. L’adulte qui est généralement la mère ou le père, ses principaux interlocuteurs, comprennent aisément ce langage gestuel et agréent la demande. Le dialogue d’une mère avec son enfant en témoigne : ‘’bébé’’ ! Tu soulèves les fesses, tu veux que je te prenne ?’’. Dans cette optique, l’enfant qui ne peut pas répondre accélère les gestes. La mère lui dit : « Viens alors ! ».
En revanche, « lorsque les gestes de l’enfant ne sont pas compris par son entourage familial, il modifie sa stratégie jusqu’à ce qu’il obtienne ce qu’il veut. C’est ainsi que certains enfants observés associent à leurs gestes des cris, des pleurs pour se faire comprendre ». Une mère occupée par ses travaux ménagers entend les cris et pleurs de son enfant, s’approche de lui et dit : « Oh ! Oh ! Oh ! Ne pleure pas, je ne savais pas que tu voulais que je te prenne », celle-ci le prend et il se tait promptement.

Gestes pour exprimer le besoin d’être alimenté
On note une différence notoire dans la manière d’exprimer le besoin d’être alimenté chez les enfants de moins de 02 mois et ceux de 01 à 02 mois.
Les premiers, compte tenu de leur âge n’arrivent pas à s’alimenter eux-mêmes ou à exprimer ce besoin à l’entourage (mère, père, oncle ou tante…). Cela est aussi vrai que l’un des enfants observé a dû suivre attentivement les mouvements de la main et des lèvres de sa mère. Celle-ci étant restée attentive demande alors à l’enfant : « Tu veux manger ? Prends ! ». Elle met un peu dans sa bouche et l’enfant remue aussi ses lèvres.
Par contre, les enfants qui ont un âge compris entre 01 et 02 ans apprennent à manger eux-mêmes. Les mères observées corroborent ce qui vient d’être dit dans la mesure où elles affirment apprendre à manger aux enfants. L’une d’entre elles nous laisse entendre ceci: « Je lui apprends à manger, quand tu lui apprends à manger, il arrivera à manger seul après».

Conclusion
Étudiée dans le contexte spécifiquement africain, la gestuelle de l’enfant est révélatrice d’une typologie attribuable aux gestes expressifs et non expressifs.
Les premiers sont l’ensemble des gestes que l’enfant émet de son propre chef pour communiquer. Ces gestes sont dits innés au regard de leur mécanisme d’acquisition –qui dit cela ?/référence biblio).
Le deuxième fait référence aux gestes que l’enfant accumule pour se mouvoir à un certain âge. Il s’agit notamment des gestes relatifs à la danse et ceux relatifs au lavage, à la station assise et débout, au rampement, à la marche dont l’émission est faite par imitation et selon le groupe d’âge, etc..
Etant une ébauche de réflexion, des études avec plus de temps et de moyens permettraient de mieux cerner les contours du sujet.

« Maternage » au Burkina Faso