Qui sommes nous ?
Corps et Rivages est une association loi 1901 créée en mars 2015 et qui a pour objet la recherche anthropologique des différentes modalités de soins à travers le monde. Cette recherche se fait sous forme de voyages à l’étranger en immersion, de séminaires ou de stages.

L’étude porte sur les structures de soins, les médecines traditionnelles et l’art thérapie, ce qui nous amène à travailler avec des soignants, traditionnels ou non, des guérisseurs, des art thérapeutes, des danseurs, des musiciens, des comédiens et tout professionnel susceptible de nous aider dans cette recherche . Ces projets s’adressent aux soignants et à toute personne intéressée par ces questions pour un enrichissement professionnel.

L’association pourra être amenée à aider les populations rencontrées dans le but de contribuer à améliorer leur état sanitaire, à financer d’autres associations dont les objectifs sont en accord avec elle.

Conceptrice et accompagnatrice des projets : Docteur Nathalie Leconte, médecin généraliste homéopathe, formée aux thérapies systémiques et familiales et à la danse thérapie.
A fondé le groupe de réflexion « médecine et philosophie » et organisé de nombreux séminaires de formation médicale continue intégrant les sciences humaines dans la formation médicale continue notamment thérapies systémiques, philosophie et anthropologie avec la SFTG (Société de Formation Thérapeutique du Généraliste).

L’association se compose de :
– Membres fondateurs qui ont participé à la création de l’association ;
– Membres d’honneur : Personne physique ou morale qui s’est illustrée au travers d’ actions concrètes dans la promotion des objectifs de l’association ;
– Membres actifs qui participent activement à la vie de l’association et sont à jour de leur cotisation annuelle. Celle ci est d’un montant de 25 euros ;
– Membres usagers qui bénéficient des services de l’association. Ce sont les participants aux séminaires. La cotisation est incluse dans le prix du séminaire.

Les membres usagers peuvent avoir le statut de membres actifs en les demandant par courrier à :
Florence Moesse, secrétaire de l’association, 16 rue Denfert Rochereau, 11100 Narbonne.
Les membres fondateurs et actifs ont le droit de vote en assemblée générale.


Vers une médecine métissée

Préalables

On assiste depuis quelques années à un fort engouement pour des médecines différentes,

pour des conceptions du soin plus en accord avec l’intégralité de la personne, et qui font appel à des savoirs extra occidentaux (Chine, Tibet, Inde, etc.), ou plus locaux et plus traditionnels (les plantes, les rituels).

Mais plus qu’un simple phénomène de tendance, ce recours à des pratiques médicales moins conventionnelles s’installe peu à peu au coeur-même de la médecine « classique ». Ainsi, de nombreuses institutions ouvrent leurs portes aux médecines traditionnelles, et posent les premiers jalons d’un métissage inédit. En regard de l’opposition radicale des pratiques jusqu’alors, on peut penser qu’il s’agit d’un véritable tournant anthropologique pour le monde à venir. Les recommandations récentes de l’ Organisation mondiale de la santé dans sa publication « Stratégie pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 », font de fait de l’intégration de la Médecine Traditionnelle aux systèmes nationaux de soins de santé un axe prioritaire, et engagent les états à en soutenir le développement par des actions politiques, éducatives, réglementaires, ainsi que par des actions de recherche.

Mais que sont exactement ces médecines traditionnelles, et que peuvent-elles apporter à un système de santé déjà performant?

L’ OMS définit les médecines traditionnelles comme « les pratiques, méthodes, savoirs et croyances en matière de santé qui impliquent l’usage à des fins médicales de plantes, de parties d’animaux et de minéraux, de thérapies spirituelles, de techniques et d’exercices manuels pour soigner, diagnostiquer et prévenir les maladies ou préserver la santé » (…) « Dans les pays industrialisés, ces médecines sont utilisées sous l’appellation médecines complémentaires ou parallèles. Souvent moins coûteuses, mieux acceptées et efficaces, ces médecines sont de plus en plus reconnues par les instances politiques pour leur contribution à l’amélioration de la santé de leur population. Pour exemple, l’UNESCO a déclaré « Ambassadeur de la paix » Bikenda Seïdou, un guérisseur Burkinabé.

En France, l’assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), une structure qui regroupe 39 hôpitaux et gère plus de 22000 lits à Paris et en Île-de-France, encadre depuis juillet 2012 les médecines dites complémentaires: acupuncture, hypnose, ostéopathie, et a créé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière un centre de médecine chinoise.

Les universités s’ouvrent aussi à ces pratiques « autres ». L’université de Strasbourg, par exemple, a conçu un diplôme universitaire de médecine en neurosciences et méditation à l’issue duquel « les professionnels de santé et les chercheurs auront découvert les aspects phénoménologiques et neuroscientifiques de la méditation et de ses applications dans le domaine de la santé. Ils auront acquis une connaissance de ce champ co-construite à partir d’approches théoriques multi-disciplinaires et d’une pratique intensive partagée de la méditation. »

L’université de Strasbourg dispense aussi un cursus d’étude des peuples traditionnels dont le but est « de proposer une introduction à l’étude de quelques sociétés traditionnelles dans leur vision du monde, leur cosmogonie, leur médecine, leur utilisation des plantes, leur logique et de voir en quoi elles pourraient éventuellement servir de modèle pour sortir de la crise mondiale actuelle qui n’est pas seulement économique mais bien une crise culturelle et de sens pour l’humain. »

On trouve encore des cursus d’Ethnomédecine (La Réunion), de Médecine traditionnelle chinoise (Montpellier).

Des médecins en immersion

Loin des recommandations et des dispositifs institutionnels, des acteurs de la santé oeuvrent déjà sur le terrain, favorisant les croisements et les expériences interculturelles dans le champ de la médecine. Parmi eux, Nathalie Leconte, médecin généraliste, membre de la Société de Formation Thérapeutique du Généraliste et fondatrice de l’association Corps et Rivages, organise depuis plusieurs années des séminaires à l’étranger pour des médecins généralistes français, exerçant en France auprès de populations mixtes.

Ces voyages d’études, qui regroupent une quinzaine de médecins généralistes en moyenne, sur une durée de 15 jours, visent l’immersion des praticiens dans des cultures différentes, parfois inconnues, à la rencontre de pratiques médicales locales et des croyances qui y sont associées.

C’est un projet tout à fait original, qui offre à ces médecins de sortir de leurs cadres habituels et de prendre conscience de la diversité des contextes et des manières de pratiquer la médecine. Confrontés à des pratiques inhabituelles, parfois mystérieuses ou inquiétantes, sans repères familiers, ces médecins vont devoir redéfinir les limites de leurs connaissances et de leurs savoir-faire. Le Dr. Leconte les engage à s’approprier les outils de l’anthropologie médicale et de l’ethnologie pour mieux cerner les logiques de la relation médecin-patient et la place du médecin dans la société.

Outre la dimension culturelle, le Dr Leconte approche la remise en question des cadres habituels dans une perspective de « libération créatrice », faisant aussi appel aux pratiques artistiques pour affiner les perceptions et développer des compétences complémentaires.

Par le travail corporel, la danse et le chant, les médecins peuvent expérimenter les étapes du développement psychomoteur de l’enfant, les phases de l’acquisition du langage, ou développer leur créativité pour innover dans leur pratique. En mettant en scène, guidés par des comédiens[1], des situations vécues liées à leurs activités de soignant, ils perçoivent mieux les enjeux psycho-corporels de leur relation au patient, affinent leurs perceptions et développent leurs capacités d’empathie. Avec les arts plastiques, en travaillant sur les expressions locales ou régionales, les médecins s’exercent à un mode de communication plus symbolique, dans un univers de formes qui a aussi sa place dans certaines médecines traditionnelles.

Toutes ces pratiques artistiques sont enfin l’occasion de partager des expériences concrètes avec les populations qui les accueillent pendant leur voyage. C’est ce qui fait la richesse des actions innovantes et créatives menées par Nathalie Leconte, pour décloisonner les pratiques médicales, et d’une certaine façon, ré-enchanter le champ d’une médecine devenue excessivement technique.

Ce sont ces actions que nous nous attacherons à suivre sur le terrain avec notre projet documentaire.

Nous sommes persuadés que ce type d’approche peut à l’avenir jouer un rôle déterminant dans la prévention, car elle répond aux attentes d’un nombre croissant de médecins généralistes et d’une manière plus générale, aux questions de santé d’un monde de plus en plus global, confronté à une circulation inédite des populations.

ACORIMAGE & MATIERE SENSIBLE, le 29 juin 2017

[1] Voir le documentaire d’Avi Mograbi « Entre les frontières , Between Fences » qui repose sur la question suivante: Le théâtre peut-il créer un pont entre les hommes pour qu’ils échangent et se comprennent ? (Cinéma du réel 2016)