Burkina Faso, mars 2016, Marie Christine

Voyage au Burkina Faso en Mars 2016

Séminaire d’études “La médecine est-elle un art ?”
Témoignage de Marie Christine

Un voyage extraordinaire .
Tous les regards croisés m’accompagnent chaque jour.
Nous avons été choyés ,couvés
Dorlotés, invités, heureux, émus,
Applaudis.
Il faut beaucoup de courage pour supporter tout cela!
J’ai choisi de raconter une matinée passée au CSPS d’acarville à Bobo Dioulasso.
Le CSPS, centre de santé et de promotion sociale, est la structure de base du système de santé. On peut le comparer à nos PMI et centres de planning familial. Plusieurs consultations sont assurées: Suivi gynécologique des femmes enceintes, contraception et accouchements, vaccination des nourrissons, consultation pour enfants malades, nutrition, pansements. Les locaux sont sobres, entretenus, le matériel sommaire.
Aux murs sont placardés quelques affiches d’éducation à la santé concernant les vaccins, le sida, le dépistage du cancer du col de l’utérus, la régulation des naissances (actuellement 6,2 enfants par femme), le virus Ébola.
Les soins, consultations et médicaments, sont gratuit jusqu’à 2 ans. Une loi récente étend la gratuité jusqu’à 5 ans mais elle ne concerne actuellement que trois régions pour une durée de 2 mois afin d’évaluer le coût.
Calendrier vaccinal:  BCG et polio buccal à la naissance, à 8 semaines DTPC, hépatite B, pneumocoque, rotavirus, polio oral. Idem à 12 et 16 semaines. A 9 mois ROR et fièvre jaune, à 15 mois rappel ROR.
Les consultations de suivi:  En ville, la majorité des femmes et nourrissons consultent au CSPS. Le bébé est pesé, mesuré une fois par mois puis tous les 2 mois de 12 à 23 mois. Un infirmier les reçoit, examine le carnet de santé, vérifie les vaccinations, s’assure de la bonne croissance staturo-pondérale du bébé. Toutes les données sont notées dans un registre.Une soixantaine d’enfants sont vus chaque matin. En cas de prise de poids insuffisante, de signes de malnutrition, l’enfant est orienté vers la consultation nutrition. Ce matin-là une mère amène son bébé de 25 mois. Il souffre de dénutrition sévère, pèse 8 kilos4.  Il s’agit d’une femme venue d’un village. Le bébé a eu uniquement les deux vaccins à la naissance: BCG est polio buccal. Malgré les efforts accomplis pour la vaccination, y compris dans les villages, certains enfants y échappent en raison des croyances et traditions familiales encore fortes. Aminata, responsable de la consultation nutrition les reçois avec gentillesse, patience. Elle explique les besoins du bébé en protéines, vitamines, remets des compléments alimentaires, vérifie que l’enfant l’accepte.    L’enfant sera revu une fois par semaine jusqu’à rattrapage du poids et vacciné par le ROR gratuitement malgré ses 2 ans dépassés. Pour cet enfant nous sommes inquiets. Il tousse, recrache les vitamines données, visiblement très affaibli, malade. Les solutions sont limitées, il nécessiterait une hospitalisation Aminata nous explique que les cas de malnutrition sont encore fréquents, pourtant nous avons vu beaucoup de beaux bébés potelés mais la plupart ont moins d’un an. C’est à partir de 10 à 12 mois lorsque le lait maternel devient insuffisant pour le bon développement que les enfants souffrent de carences, les plats préparés pour les adultes ne sont pas adaptés à leurs besoins protéiques, vitaminiques et calcique. Les soignants nous font part de leur frustration, ils déplorent le manque de moyens des familles pour acheter des compléments alimentaires.  Les croyances et le faible niveau d’alphabétisation sont un obstacle à une vaccination optimale, à un parcours rapide et  prioritaire, à des soins adaptés.  Cependant ils ne montrent aucun découragement, s’adaptant à chaque situation, sans juger, avec la volonté de soigner toujours mieux.
Regarder, écouter, éduquer et comprendre, toucher, soulager, s’adapter, transgresser la règle:  La médecine est un art, un art récompensé: Le CSPS d’acarville est doté d’une plaque gravée sur sa façade, centre déclaér cercle d’or pour la qualité des services de protection familiale.
Merci à tous les burkinabés qui nous ont accompagnés, nous avons beaucoup appris, reste l’envie de pouvoir les aider.